L’apprentissage émotionnel commence en très bas âge, alors que l’enfant découvre une vaste gamme d’émotions, et évolue au fil des ans. Ce thème propose de mieux comprendre les étapes essentielles au développement émotionnel, ses impacts, les aptitudes interreliées et les facteurs qui influent sur cette compétence émotionnelle.
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Émotions
Émotions : aider votre enfant à identifier et à exprimer ses sentiments
Synthèse
Est-ce important?
La compétence émotionnelle (CE) constitue un processus de développement qui comprend trois compétences interreliées : 1) l’expression des émotions, 2) la connaissance des émotions et 3) la régulation des émotions (à savoir, être conscient de ses émotions et les modifier au besoin). En bas âge, les enfants éprouvent déjà une vaste gamme d’émotions dans des situations sociales par le biais de messages non verbaux (p. ex., faire un câlin et bouder). Ensuite, au fur et à mesure que le développement cognitif progresse, les enfants peuvent déterminer leurs propres émotions et celles des autres ainsi que les circonstances qui ont entraîné leur expression. Cette compréhension des émotions, à son tour, permet aux enfants de contrôler et de modifier leurs émotions afin de faire face à des situations difficiles.
Le développement émotionnel pendant la tendre enfance et la petite enfance est essentiel pour plusieurs aptitudes interreliées. Comparativement aux enfants éprouvant des problèmes de développement émotionnel, les enfants dont la CE est plus développée sont plus susceptibles : 1) de continuer d’apprendre, 2) d’adopter des comportements empathiques et prosociaux, 3) d’exprimer des émotions appropriées dans divers contextes, 4) d’utiliser des stratégies adaptatives afin de faire face aux émotions négatives et dérangeantes (p. ex., la colère), et 5) de réduire divers facteurs de risque liés à la psychopathologie. Ensemble, ces habiletés prédisent la réussite scolaire au cours des premières années à l’école et les relations interpersonnelles positives avec les pairs et les membres de la famille.
Que savons-nous?
Les émotions n’apparaissent pas toutes en même temps. Les émotions primaires (p. ex., la peur, la colère, la tristesse, l’intérêt et la joie) apparaissent au cours de la première année de vie. Les émotions secondaires (p. ex., l’embarras, la culpabilité et la honte) s’expriment généralement à la fin de la deuxième année. La représentation mentale que les enfants ont d’« eux-mêmes » est acquise à l’âge de deux ans et les normes, les règles et les objectifs (NRO) véhiculés par leur entourage ouvrent la voie pour les émotions gênantes, comme l’embarras.
Le développement de la compétence émotionnelle dépend du tempérament de l’enfant et de ses expériences socioaffectives, telles que les soins de la personne qui s’occupe de lui et de sa socialisation. La culture au sein de laquelle les enfants grandissent influencera également l’intensité et le type d’émotion exprimée, en fonction des différents modèles culturels de socialisation, des pratiques familiales et des valeurs. L’apparition, l’expression et la régulation sociale des émotions peuvent donc différer considérablement d’une culture à l’autre. Par exemple, dans certaines cultures non occidentales, la neutralité émotionnelle est la norme sociale.
Les facteurs environnementaux influent sur la compétence émotionnelle, tout comme les facteurs infantiles comme le développement cognitif, le tempérament et les comportements d’approche et de retrait. L’approche fait référence aux comportements et aux expressions faciales qui attirent un enfant vers des stimuli, tandis que le retrait fait référence aux comportements qui éloignent les enfants des stimuli. Les émotions liées à l’approche (à savoir, l’intérêt, le sourire, la joie et la colère) sont liées à des aspects positifs des comportements, incluant les efforts soutenus lorsque des difficultés mineures surviennent, et elles prédisent la compétence émotionnelle chez les enfants. En revanche, l’expression des émotions liées au retrait lors d’événements négatifs est liée à des difficultés comportementales, à une mauvaise régulation des émotions et à la détresse. Les comportements de retrait représentent également un facteur de risque pour la dépression pendant la petite enfance.
Les émotions jouent un rôle important dans l’apparition des psychopathologies pendant l’enfance. Les défis du développement et les expériences négatives précoces peuvent affecter la manière dont le système nerveux autonome de l’enfant régule les réponses et les comportements émotionnels. Les enfants qui ont vécu des expériences sociales négatives, comme de la maltraitance ou de l’insécurité, ont tendance à être très vigilants en matière de détection des signes de menace. Par conséquent, ils adoptent des comportements d’anxiété, d’agressivité et de peur comme moyen d’autoprotection. Leur affectivité négative, leur mauvaise régulation des émotions et les déséquilibres de leurs systèmes émotionnels prédisent les troubles internes et externes (p. ex., dépression et agressivité, respectivement).
Que pouvons-nous faire?
Afin d’encourager la compétence émotionnelle chez les enfants, les parents sont invités à imiter diverses expressions émotionnelles. Étant donné que les émotions éprouvées à la maison influent considérablement sur les émotions que les enfants expriment avec leurs pairs et à l’école, les interactions parent-enfant positives sont bénéfiques. Notamment, les parents sont invités à adopter des pratiques parentales positives et à appuyer leurs enfants lorsqu’ils doivent relever des défis. Les interventions en début de vie ont pour but d’améliorer la maîtrise des émotions et la synchronie émotionnelle parent-enfant est grandement encouragée. La Parent-Child Interaction Therapy et le programme Ces années incroyables sont des exemples de tels programmes. Pour les comportements défensifs chroniques qui résultent d’expériences négatives précoces, les interventions thérapeutiques qui utilisent les influences apaisantes de signaux de sécurité peuvent être un outil de gestion prometteur.
De nouveaux résultats montrent que le modelage, les réactions et l’enseignement des enseignants peuvent contribuer au développement des compétences émotionnelles chez les enfants. Les politiques devraient donc encourager la sensibilisation et la formation des enseignants aux programmes liés à la CE, comme le programme Preschool PATHS, afin d’encourager la compréhension des émotions des enfants. Non seulement les enfants bénéficieront de ces aptitudes dans des contextes sociaux et d’apprentissage, mais les enseignants bénéficieront probablement d’un environnement de classe plus harmonieux.
À lire
Le bonheur, ça s'apprend!
Les fondements du développement émotionnel des enfants sont basés sur leur relation avec leurs parents. Grâce aux bons soins et à l’attention qu’ils reçoivent à travers des interactions positives avec les adultes, les enfants apprendront à :
utiliser des mots pour exprimer leurs sentiments
comprendre les émotions des autres
contrôler leurs émotions négatives face à des situations difficiles
affronter leurs peurs face à l’inconnu
se calmer lorsqu’en détresse
maîtriser leur colère et apprendre de leurs erreurs face à l’échec.
En étant réconforté et supporté face aux émotions qu’ils ressentent et grâce à un lien d’attachement solide avec leurs parents, les enfants pourront développer leur confiance et être plus apte à communiquer leurs besoins et comprendre ceux des autres.
Publications
Développement affectif chez l’enfant
L’intelligence émotionnelle au cours des cinq premières années de la vie
Le plaisir de désobéir
Malgré les avertissements, les menaces et les conséquences, les bébés vont souvent continuer à faire ce qui leur est interdit.
Avant l’âge de 2 ans, les parents devraient savoir que les enfants sont motivés principalement par le plaisir et que les comportements défiants ne sont probablement pas une manière de tester les limites ou de défier l’autorité parentale.
Heureusement, le développement du cerveau permettra au bébé de mieux comprendre les émotions de ses parents et voudra leur plaire et répondre à leurs attentes. Avec le temps, il sera aussi capable d’anticiper leur désapprobation et s’adapter à leurs exigences.
D’ici là, plutôt que de se mettre en colère, mieux vaut exprimer clairement votre désaccord et retirer l’enfant, ou l’objet conflictuel, de la situation pour obtenir un résultat immédiat.
Publications
L’intelligence émotionnelle au cours des cinq premières années de la vie
Connaissances des nourrissons en matière de cognition sociale
Le lien entre les fonctions exécutives et la cognition sociale
L'énergie de la colère
Chez les jeunes enfants, les émotions sont un moteur de développement.
La colère fait partie des premières émotions qui apparaissent (avec la peur, la joie, la tristesse et l’intérêt) et participe activement à l’apprentissage.
La colère chez les jeunes enfants (à ne pas confondre avec les crises de colère) favorise l’action pour atteindre un but et évoque une qualité chez l’homme : la persistance.
La colère prédit la compétence émotionnelle chez les enfants plus âgés et est reliée à des efforts soutenus lorsqu’ils sont confrontés à des difficultés mineures.
Publications
L’approche et le retrait dans le développement affectif des jeunes enfants
Ressources et bulletins
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